Pour les chefs de chœur et choristes
Émission complète

Les fichiers audio des cinq pièces du Propre des messes que vous pouvez écouter en préambule sont principalement destinés aux chefs de chœur et aux choristes. Ce sont les moines de l’abbaye Notre-Dame de Fontgombault qui interprètent les pièces de la Fête du Sacré-Cœur de Jésus. Le disque est disponible sur notre Boutique en ligne. Leur chant s’adapte idéalement à toute chorale paroissiale. Mais rien ne vaut les commentaires techniques et spirituels pour mieux pénétrer la prière chantée. Je vous propose cette année un enregistrement historique s’il en est des moines bénédictins de l’abbaye Saint-Benoît-du-Lac, au Québec. Allez en bas de cette page pour obtenir toutes informations sur ce précieux enregistrement…

Feria VI post Dominicam II
post Pentecosten
IN FESTO SACRATISSIMI CORDIS JESU
Fête du Sacré-Cœur de Jésus
Vendredi 24 juin 2022, vendredi après le 2e Dimanche après la Pentecôte et solennité le dimanche qui suit, le 26 juin. Rappelons toutefois que cette solennisation, selon l’édition typique des Livres liturgiques de 1962, n’est pas obligatoire.
Comme celles de la Sainte-Trinité et du Saint-Sacrement que nous avons célébrées les deux précédents dimanches, la fête du Sacré-Cœur n’a pas pour but de commémorer un événement, mais de méditer sur un des grands mystères de notre foi, et cette fois-ci sur l’amour infini de Notre-Seigneur Jésus-Christ pour tous les hommes. On sait que cette fête a été demandée par Notre Seigneur lui-même à Sainte Marguerite Marie, religieuse visitandine de Paray-le-Monial qui vivait au XVIIe siècle. Elle est donc d’institution encore plus tardive que les deux précédentes, et ce n’est d’ailleurs qu’en 1856, donc au siècle dernier, qu’elle a été étendue à l’Église universelle. Elle a été fixée à la demande de Notre-Seigneur au vendredi qui suit l’octave de la fête du Saint- Sacrement, en souvenir du Vendredi saint, car c’est en mourant sur la croix que le Christ a donné la plus grande preuve de son amour pour nous. On en fait généralement la solennité le dimanche suivant, bien qu’elle ne soit pas obligatoire, et elle prend donc la place du troisième dimanche après la Pentecôte. La fête du Sacré-Cœur a comporté plusieurs messes. Celle qui est célébrée actuellement date de 1929, et a été composée à l’occasion de la publication par le pape Pie XI de l’encyclique Miserentissimus sur la dévotion au Sacré-Cœur, grande dévotion des temps modernes. Il s’agit donc dans les chants de cette messe de grégorien récent ; ils sont à peu près contemporains de ceux de la fête du Christ-Roi. Mais il faut reconnaître qu’ils sont moins bien réussis…
– Le site Introibo vous procurera d’intéressants commentaires de Dom Guéranger, Dom Baron, Dom Schuster…
– Vous pouvez accéder, à la fin de cette page, au lien qui vous permettra d’obtenir la partition du psaume de communion que nous vous recommandons d’interpréter en alternance avec l’antienne.
Voici la photo du coffret du CD qui a réédité les enregistrements historiques de l’abbaye Saint-Benoît-du-Lac (Canada). Vous trouverez en bas de page de plus amples informations

Introït : Cogitationes
Le texte de l’Introït de la Fête du Sacré-Cœur de Jésus est tiré du psaume 32 Exultate justi in Domino, que nous avons déjà trouvé à l’Introït du deuxième dimanche après Pâques, le dimanche du Bon Pasteur qui donne sa vie pour ses brebis ; le rapprochement n’est pas fortuit. Nous avions vu alors que ce psaume est un chant de louange et d’actions de grâce à Dieu pour sa toute puissance et sa bonté, dont il énumère toutes les manifestations dans l’univers. Les deux versets qui ont été ici réunis ne se suivent pas dans le psaume. Ils ont été choisis pour l’application qui peut en être faite au Cœur de Jésus.
Cogitationes Cordis ejus in generatione et generationem, ut eruat a morte animas eorum et alat eos in fame.
Les pensées de son Cœur demeurent d’âge en âge ; ainsi il arrache leurs âmes à la mort et les nourrit pendant la famine.
Les pronoms de la deuxième phrase désignent dans le psaume (le contexte le montre) ceux qui craignent le Seigneur et se soumettent à sa volonté. Ils s’appliquent ici à tous les hommes rachetés par le sang du Christ et nourris par son Eucharistie. La mélodie nous ramène curieusement en plein Carême. L’intonation est exactement celle du Graduel Tribulationes cordis mei du deuxième dimanche de Carême, dont le texte est tiré du psaume 24 comme celui du Graduel de cette messe. Le reste de l’Introït emprunte surtout ses formules à l’Introït Lætare du quatrième dimanche de Carême, dont nous retrouvons ici le caractère joyeux et très affirmatif avec une nuance de douceur à la fin. Bien entendu le verset de cet Introït est le début du psaume 32 :
Exsultate justi in Domino, rectos decet collaudatio.
Justes exultez pour le Seigneur, la louange convient à ceux qui ont le cœur droit.

Graduel : Dulcis et rectus
Le texte du Graduel de la Fête du Sacré-Cœur de Jésus est emprunté au psaume 24 qui est un des principaux psaumes de l’Avent et du Carême. C’est la prière du pécheur qui se repent et se confie à la miséricorde divine. Au milieu de sa prière il s’interrompt pour contempler cette bonté infinie du Seigneur qui se manifeste à ceux qui reviennent vers lui :
Dulcis et rectus Dominus ; propter hoc legem dabit delinquentibus in via. Diriget mansuetos in judicio, docebit mites vias suas.
Le Seigneur est doux et juste. C’est pourquoi il donne au pécheur égaré une règle de conduite. Il guide ceux qui sont dociles dans l’accomplissement de sa volonté ; il fait connaître ses voies à ceux qui sont doux.
Ce texte, on le voit, est plein de douceur, cette douceur qui est une qualité du Cœur de Jésus, il va nous le dire lui-même dans l’Alléluia. La mélodie est celle du Graduel Ecce quam bonum du vingt-deuxième dimanche après la Pentecôte, qui chante la douceur de se retrouver ensemble comme des frères dans le temple, avec de grandes courbes gracieuses et très expressives. Elle est très étendue dans la deuxième partie, s’élevant dans l’aigu jusqu’aux extrémités du mode, puis redescendant dans les profondeurs du grave pour une cadence solennelle.
Alléluia : Tollite jugum meum
Le texte de l’Alléluia de la Fête du Sacré-Cœur de Jésus est tiré de l’Évangile selon saint Matthieu. Ce sont les paroles que Notre Seigneur adresse à ses disciples, et à travers eux à tous les hommes, pour les inviter à se soumettre à sa loi :
Tollite jugum meum super vos et discite a me, quia mitis sum et humilis Corde, et invenietis requiem animabus vestris.
Prenez sur vous mon joug et suivez mes enseignements, car je suis doux et humble de Cœur, et vous trouverez le repos pour vos âmes.
Ces paroles célèbres nous rappellent les qualités du Cœur de Jésus que nous fêtons aujourd’hui et que nous devons imiter. La mélodie de cet Alléluia est originale, tout au moins n’a-t-elle pas d’équivalent dans le répertoire actuel. Elle est ample et très développée, surtout dans le verset où son étendue dépasse l’octave. Chose curieuse, c’est sur les mots humilis et requiem que ces grandes vocalises s’élèvent avec le plus d’éclat dans l’aigu, en contraste avec le texte qui parle d’humilité et de repos.

Offertoire : Improperium
L’Offertoire de la Fête du Sacré-Cœur de Jésus reprend celui de la messe du dimanche des Rameaux, qui commémorait la passion et la mort de notre Seigneur Jésus-Christ sur la croix, la plus grande preuve d’amour qu’il ait donné aux hommes. À vrai dire, dans le texte qui figure au missel, l’Offertoire du dimanche des rameaux est amputé de ses deux dernières phrases, ce qui nous paraît incompréhensible, ces phrases étant le sommet de la pièce et tout à fait accordées au mystère de cette fête, demandée par Notre Seigneur spécialement en réparation pour l’indifférence que les hommes opposent à son amour ; or c’est précisément la soif d’une réponse généreuse à cet amour qu’exprime la dernière phrase.
Le texte est extrait du psaume 68 qui est, comme le psaume 21, un des grands psaumes prophétiques de la passion, annonçant tout spécialement la solitude du Christ et l’abandon de tous ses amis :
Improperium exspectavit cor meum et miseriam, et sustinui qui simul contristaretur et non fuit ; consolantem me quæsivi et non inveni ; et dederunt in escam meam fel, et in siti mea potaverunt me aceto.
Mon cœur s’est attendu à l’outrage et au malheur ; j’ai espéré quelqu’un qui s’attristât avec moi, mais il n’y a eu personne ; j’ai cherché un consolateur et je n’en ai pas trouvé ; pour nourriture ils m’ont donné du fiel, et pour étancher ma soif ils m’ont abreuvé de vinaigre.
La mélodie exprime parfaitement cette souffrance. Tous les mots sont soulignés par des neumes longs et lourds ; de nombreuses cadences en demi-ton sonnent douloureusement. Cette mélodie culmine à l’aigu dans la dernière phrase sur le mot siti la soif, qui éclate comme un cri. Ce n’est pas seulement la soif physique dont il est question ici, mais la soif d’une réponse généreuse à l’amour infini dont notre Seigneur a fait preuve en mourant pour nous. * (cf ci-dessous)

Communion : Unus militus
L’antienne de Communion de la Fête du Sacré-Cœur de Jésus est très courte, et ressemble plus à une antienne de l’office qu’à un chant du propre de la messe. Le texte est tiré de l’Évangile du jour dans le récit de la passion selon saint Jean :
Unus militum lancea latus ejus aperuit, et continuo exivit sanguis et aqua.
L’un des soldats lui ouvrit le côté d’un coup de lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau.
L’Église voit dans l’eau et le sang coulant du Cœur de Jésus transpercé par la lance la figure du baptême et de l’Eucharistie, qui répandent sur nous les grâces acquises par son sacrifice. La mélodie de cette petite antienne est simple et légère, soulignant bien les articulations du texte.
Le site nord-américain Musica Sacra nous offre des partitions du psaume qui peut être interprété en alternance avec cette antienne de communion . C’est aisément déchiffrable pour tout choriste et nous encourageons vivement les chefs de scholas à les imprimer et à les travailler lors des répétitions. La psalmodie est le meilleur moyen d’apprendre à déclamer la phrase latine, à respecter les accents toniques, à prononcer cette langue liturgique sans hésiter…
* L’offertoire de la fête du Sacré-Cœur reprend celui de la messe des Rameaux, qui commémorait la passion et la mort de Notre-Seigneur Jésus-Christ sur la croix, la plus grande preuve d’amour qu’il ait donné aux hommes. Dans le texte qui figure au missel, l’offertoire du dimanche des Rameaux est amputé de ses deux dernières phrases.
Les commentateurs de cette pièce sont unanimes pour regretter l’absence de ce verset 22 du psaume 68. « Pour nourriture, ils m’ont donné du fiel et pour étancher ma soif, ils m’ont abreuvé de vinaigre ».
Il semble manifeste qu’on a voulu, en 1929, occulter un peu la souffrance de la Passion pour insister sur ce Cœur divin qui est, selon une expression chère à Sainte Marguerite-Marie « Tout aimant et tout aimable ».
Le texte est tiré du psaume 68 qui est, comme le psaume 21, un des grands psaumes prophétiques de la passion, annonçant tout spécialement la solitude du Christ et l’abandon de tous ses amis.
La mélodie exprime parfaitement cette souffrance. Tous les mots sont soulignés par des neumes longs et lourds : de nombreuses cadences en demi-ton sonnent douloureusement ; Cette mélodie culmine à l’aigu dans la dernière phrase sur le mot síti, la soif, qui éclate comme un cri. Ce n’est pas seulement la soif physique dont il est question ici, mais la soif d’une réponse généreuse à l’amour infini dont Notre Seigneur a fait preuve en mourant pour nous.
Je vous propose d’écouter cet offertoire Impropérium, un des grands chefs d’œuvre du chant grégorien, dans son intégralité.
Impropérium exspectávit cor meum et misériam,
Mon cœur s’est attendu à l’outrage et au malheur,
Et sustínui qui simul contristarétur et non fuit ;
J’ai espéré quelqu’un qui s’attristât avec moi, mais il n’a eu personne ;
Consolántem me quæsívi et non invéni ;
J’ai cherché un consolateur et je n’en ai pas trouvé ;
Tous les mots sont soulignés par des neumes longs et lourds, de nombreuses cadences en demi-ton sonnent douloureusement. C’est peut-être, comme l’affirmait le regretté Yves Gire, la pièce la plus douloureuse de tout le répertoire.
Les moines de Solesmes animés d’une belle ferveur mystique rendent bien la plainte, lourde et comme accablée de ce chef d’œuvre.
Le CD de la marque ACCORD porte la référence 201 472 – MU 750.

La construction de cette basilique, monument à la fois politique et culturel, suit l’après-guerre de 1870. Elle est déclarée d’utilité publique par une loi votée le 24 juillet 1873 par l’Assemblée nationale de 1871 ; le bâtiment est officiellement achevé en 1923. C’est le deuxième monument religieux parisien le plus visité après la cathédrale Notre-Dame de Paris.
RYTHMIQUE GRÉGORIENNE
Moines bénédictins de l’Abbaye Saint-Benoît-du-Lac (Canada)
(Dom Georges Mercure/1905-1993)
Ce coffret de 4 CD est un extraordinaire document. Le livret de présentation de 30 pages nous brosse un tableau historique fort intéressant de l’abbaye québécoise de Saint-Benoît-du-Lac.
Extrayons-en quelques éléments.
L’abbaye de Saint-Wandrille, fondée en 1894 par celle de Ligugé (elle-même filière de Solesmes), dut évacuer ses moines en Belgique lors des expulsions de 1901.L’un d’eux, Dom Paul Vannier, arriva au Canada, en 1912, sur les bords du lac Memphrémagog et acquit une propriété. C’était le début de Saint-Benoît-du-Lac. En 1914, le fondateur disparaissait tragiquement, noyé dans le lac et la grande guerre coupa toutes communications avec l’abbaye-mère. Mais les moines maintinrent la vie, certes précaire, de la fondation. Un jeune homme de 18 ans se présenta au monastère, en janvier 1924, pour y débuter sa vie monastique. Il se nommait Georges Mercure. Originaire de Drummondville, né le 19 juin 1905, il était déjà musicien avant son entrée au monastère.
La communauté naissante n’ayant pas toutes les ressources nécessaires pour la formation de ses jeunes recrues, elle devait à cette époque, compter sur l’Abbaye de Saint-Wandrille pour le cursus des études philosophiques et théologiques. Quand le frère Mercure arrive sur le Vieux Continent, en août 1926, la communauté de Saint-Wandrille est de retour en France depuis près de deux ans. Ordonné prêtre en juillet, il s’est inscrit à la Schola Cantorum de Paris pour l’année académique de 1932-1933. L’événement décisif fut, selon lui, une session de chant grégorien donnée à l’Abbaye Sainte-Marie de Paris par Dom Gajard, maître de chœur de Solesmes et disciple de Dom Mocquereau. Dom Mercure devint alors un adepte inconditionnel de la méthode et du style de Solesmes.
Nous ne nous étendrons pas sur les divergences entre l’abbaye de Saint-Wandrille et Dom Pothier d’une part, et Solesmes et Dom Mocquereau d’autre part. Force est d’admettre qu’elles furent sérieuses. Deux écoles se formèrent ayant chacune sa revue, « La Revue du Chant Grégorien », « La Revue Grégorienne » ; ses institutions, « La Schola Cantorum », « L’Institut Grégorien ». À Saint-Benoît-du-Lac, comme les fondateurs étaient des moines de Saint-Wandrille, on chantait à la « Dom Pothier ». Mais Dom Mercure adopte, en France, la « Méthode de Solesmes », sans doute après un séjour en l’abbaye sarthoise. Il rentra définitivement à Saint-Benoît-du-Lac en juillet 1933, et Dom Léonce Crenier, le prieur de l’époque, le nomma sans tarder maître de chœur le 19 août de la même année, avec la mission de faire chanter les moines « à la Solesmes ».
En 1935, le Père Mercure projeta de mettre sur disque, ce qui était tout à fait novateur pour l’époque, un cours de chant grégorien illustré par des exemples. Ce document sonore irait de pair avec une méthode destinée au cours secondaire : la « Rythmique Grégorienne ». Imprimée sur « Les presses de l’Action Catholique » à Québec en 1937, elle fut revue et corrigée en 1944, puis rééditée en 1952.
La renommée du monastère s’étendit rapidement, et celui-ci devint jusque vers le milieu des années 1960, un haut lieu de formation pour les chantres et maîtres de chapelle du Québec, et parfois d’ailleurs. Le Père Mercure dut même, à cette époque, s’absenter souvent pour donner des cours et des conférences à l’extérieur du monastère.
Les enregistrements de disques se poursuivirent. En 1944, parut la « Messe des défunts » et en 1947, la « Messe de l’Immaculée Conception » et les « Cantus Mariales ». Vint ensuite la « Messe du Sacré-Cœur » et, le 5 juillet 1948, eut lieu l’enregistrement de la « Messe du Saint-Sacrement », qui ne fut jamais éditée. Elle doit donc sa première publication au présent coffret.
Dom Mercure, prieur du monastère depuis janvier 1944 démissionna pour des raisons de santé en août 1951 et Saint-Benoît-du-Lac devint « abbaye » l’année suivante.
On retrouve, par la suite, Dom Georges Mercure en France, à Fontainebleau en 1953, comme organiste et vicaire de paroisse. À l’automne, il commence à suivre des leçons d’écriture musicale avec Nadia Boulanger, leçons qu’il poursuivra durant deux années. Olivier Messiaen aurait été également impressionné par la « Rythmique Grégorienne ».
Dom Mercure revint définitivement au pays en novembre 1956. Il décéda le 24 août 1993 et ses obsèques furent célébrées à l’Abbaye Saint-Benoît-du-Lac où il fut inhumé.
Les présents enregistrements couvrent la totalité des productions enregistrées par le chœur de Saint-Benoît-du-Lac, sous la direction de Dom Georges Mercure, au cours des années 1935 à 1948. Presque toutes ces réalisations, sauf la « Rythmique Grégorienne I» et la messe « Cibavit » furent rééditées vers les années 1960 sur microsillons.
Doit-on ajouter qu’il s’agit de documents exceptionnels ? L’interprétation approche, comme on peut s’y attendre, la perfection.
On a vite oublié l’état de l’enregistrement, le souffle, le son un peu « creux » caractéristique de ces repiquages de 78 T. Il faut écouter, plage 25 du quatrième et dernier disque le sublime offertoire de la messe du Sacré-Cœur Impropérium. On ne peut rester insensible à ses déchirantes cadences en demi-ton.
Précisons que le CD 1 inclut un livret de 160 pages que les internautes peuvent imprimer au format PDF. Il s’agit de l’ensemble de la méthode et sa lecture en est passionnante tant transparaît le sens pédagogique qui animait Dom Mercure. Les 23 plages de ce premier disque restituent des extraits de ses cours. C’est émouvant. Nous sommes en 1936. Ces élèves-moines découvrent manifestement la prière chantée : c’est ce que l’on ressent dans les répétitions. Le maître de chœur les tance : « Vous êtes partis trop tard ! », « Bien trop lourd ! », « Le mi est faux en raison de la paresse de vos voix !… » etc.
Les enregistrements des autres disques, tous postérieurs, montrent combien ils ont progressé… Tout amateur de chant grégorien se devrait de posséder ce coffret historique. Une merveille ! Il est hélas à craindre que ce coffret soit difficile à trouver désormais en vente, y compris sur la Toile !
Patrick Banken
