Une solennité récente
Nous savons que cette solennité a été instituée par Pie XI en 1925 et que si cette messe n’est pas composée de pièces préexistantes, les pièces peuvent donc être des compositions récentes. Il se trouve que les pièces de cette messe ne sont pas à proprement parler des compositions nouvelles : toutes les antiennes ont emprunté leur mélodie à des pièces plus anciennes. Il n’en reste pas moins que la mélodie n’en a pas été composée à partir du texte chanté. Nous en abordons donc la lecture par un autre angle.
L’introït Dignus est Agnus
Ap 5, 12.13
A/ Dignus est Agnus, qui occísus est, accípere virtútem, et divinitátem, * et sapiéntiam, et fortitúdinem, et honórem.
Ipsi glória et impérium * in sǽcula sæculórum.
Il est digne l’Agneau qui a été immolé, de recevoir la puissance et richesse, sagesse, force et honneur
À lui la gloire et la souveraineté pour les siècles des siècles
Ps 71, 1
V/ Deus, judícium tuum Regi da: * et justítiam tuam Fílio Regis
Dieu, donne au Roi ton jugement, au Fils du Roi ta justice.
Une mélodie ancienne
L’introït de cette solennité reprend la mélodie en mi authente (IIIe mode) de l’introït Dum sanctificátus qui peut être chanté en la Vigile de la Pentecôte alternativement à Caritas Dei, ainsi qu’alternativement à l’introït du 3e dimanche de Carême, ou encore en la 5e férie de la 20e semaine du temps ordinaire… les années paires ! Dans les manuscrits cependant, nous le trouvons comme introït de la 4e férie de la semaine de Laetare. Le texte chanté est tiré d’Ez 36, 23. 24. 25. 26 et le verset du Psaume 33, 1 :
A/ Quand j’aurai été sanctifié au milieu de vous, je vous rassemblerai de tous les pays et je répandrai sur vous une eau pure ; et vous serez purifiés de toutes vos iniquités et je vous donnerai un esprit nouveau. V/ Je bénirai le Seigneur en tout temps, sa louange sans cesse à ma bouche.
Une antienne nouvelle
Dans la nouvelle antienne nous chantons par les mots de l’Apocalypse la réalisation de la promesse messianique en Ezechiel : l’Agneau immolé est le messie sanctifié au milieu de nous. Les fidèles purifiés auxquels il a donné un esprit nouveau sont rassemblés de tous les pays autour de son trône dans une éternelle louange où ils chantent sa gloire et sa souveraineté.
Le verset est tiré de l’ouverture du psaume 71(72), à l’évidence parce qu’il mentionne le Roi. Or ce roi dont la gloire est chantée est Salomon, roi de justice, roi d’Israël. Et sa figure s’accomplit dans le Christ, Roi du Ciel qui a justifié son peuple par son propre sang.
Forts de cet accomplissement, chantons le Roi du Ciel pour manifester sa Royauté sur l’Univers.